Après son succès en France, le film “En fanfare” (“The Marching Band”, en anglais) d’Emmanuel Courcol sort sur les écrans britanniques dès vendredi 16 mai. Un événement significatif pour le réalisateur pour qui le Royaume-Uni reste un pays important pour ce genre de cinéma. “On m’a d’ailleurs souvent dit qu’’En Fanfare’ faisait penser aux comédies sociales anglaises de Ken Loach. Il va donc en quelque sorte se retrouver un petit peu à la maison”, se réjouit-il encore.
Cette sortie sur les écrans britanniques est d’autant plus marquante que les films français ont été un temps moins programmés (hors Ciné Lumière de l’Institut français) dans les cinémas du pays. Mais la tendance a quelque peu changé depuis deux ans. “Cela nous flatte donc énormément de voir que le film sorte ici”, confesse le réalisateur, qui se dit curieux de l’accueil que le public réservera à son œuvre. En France, “En Fanfare” avait attiré plus de deux millions de spectateurs et obtenu sept nominations lors de la dernière cérémonie des César, dont celui du meilleur film et scénario original.
Ce film, co-écrit par Emmanuel Courcol, raconte l’histoire de Thibaut, chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère cadet, Jimmy, qui travaille à la cafétéria d’une école et joue du trombone dans une petite fanfare. Tout semble les séparer, sauf leur amour de la musique. Pressentant le talent exceptionnel de son frère, Thibaut décide de remédier à l’injustice du destin. Jimmy se met à rêver d’une autre vie.
Le réalisateur explique avair aimé écrire sur cette relation fraternelle, un thème qui lui est cher, tout comme celui de l’univers musical. “Je suis aussi un vrai mélomane, j’écoute beaucoup de musique”, confie le Français, “je ne suis malheureusement pas un instrumentiste, mais jécris beaucoup de musique classique et de jazz”.
Avoir été acteur dans une précédente vie l’aide beaucoup dans son travail de réalisateur, reconnaît Emmanuel Courcol. “J’ai tendance à considérer les acteurs sur un plateau comme des confrères ou des consœurs. Je suis très en empathie avec eux car je sais ce que c’est d’être devant la caméra, la confiance et la liberté dont on a besoin. Je sais aussi ce que je peux leur éviter et leur dire”, confie-t-il.
Pour faire sortir le meilleur d’eux, le cinéaste explique diriger de l’intérieur du personnage, en prenant en compte sa psychologie, son histoire, son physique. Est-ce la recette d’un film réussi ? Entre autres, mais sa réussite s’appuie surtout, selon Emmanuel Courcol, sur la capacité de l’œuvre à surprendre les spectateurs. “C’est que j’ai toujours essayé de faire : échapper au cliché et à ce qui est convenu, attendu”, raconte-t-il, avant de nuancer, “mais il faut en même temps savoir rester totalement libre”.
Le cinéma semble bien lui réussir mais le réalisateur se dit très attiré par le format série. “C’est ce que j’ai envie d’explorer pour aller creuser les choses. Au cinéma, j’aime toujours aller à l’essentiel, mais faire une série c’est un autre exercice”. Des projets seraient en cours, paraît-il… Cependant, le secret reste encore bien gardé par Emmanuel Courcol. Serait-ce un projet en anglais ? Mystère… Mais à la question de savoir quels sont les acteurs britanniques l’inspirent beaucoup, le Français répond du tac-au-tac Emma Thompson et Olivia Colman. “Ce sont de très bonnes actrices. De manière générale, il y a de très bons acteurs au Royaume-Uni”.
Il avoue ne pas bien connaître l’Angleterre. “J’y suis venu quelques fois pour des raisons professionnelles, mais je ne suis pas un grand connaisseur du pays. Mais si on me proposait de faire quelque chose là-bas, je dirais oui tout de suite”.
Le cinéaste ne pourra pas se rendre à Londres le jour de la sortie officielle d’”En Fanfare”. “C’est Benjamin (Lavernhe, l’un des acteurs principaux, ndlr) qui l’accompagne pour la sortie”, confie Emmanuel Courcol, “c’est très important qu’on vienne et qu’on le présente nous-mêmes”.